Les Fonctions Exécutives sont des fonctions dites « hiérarchiquement supérieures », leur défaillance entraîne des conséquences globales. Ce sont le chef d’orchestre de nos fonctions cognitives qui sont en jeu dans les apprentissages.
Elles se mettent en place très progressivement chez l’enfant, leurs troubles sont d’expression variable et fluctuante. Les fonctions exécutives représentent les fonctions cérébrales qui permettent de gérer la mise en route, les plans et stratégies d’action. Elles sont indispensables pour une bonne adaptation à chaque tâche d’apprentissage, qu’elle soit en cours, ou qu’elle nécessite un arrêt.
Les Fonctions Exécutives sont mises en jeu surtout dans les tâches nouvelles, non routinières. Sont sollicitées en permanence pour sélectionner et trier ce qui est pertinent et utile pour la tâche projetée et ainsi ne pas tenir compte de ce qui est superflu.
Ce sont des fonctions complexes, dépendantes de la motivation du sujet, des ressources attentionnelles de la remise à jour en permanence de la mémoire de travail et de la capacité d’adaptation du sujet dans le sens de l’inhibition des procédures routinières, habituellement utilisées de façon automatique.
Ce trouble est souvent nommé dans les bilans neuropsychologiques.
L’attention et les fonctions exécutives vont de pair. Indépendamment des moments où nous sommes en situation non routinière, nous devons trier les stimulations qui viennent de l’environnement (par exemple en conduisant).
Ce système de filtre des stimuli de l’environnement peut dysfonctionner ; par excès, ou par défaut : l’enfant est apathique, adynamique, rien ne vient le stimuler ; il parle peu. On parle de timidité maladive, alors qu’il présente en fait, des troubles neurologiques. Plus fréquemment, ces enfants ont un défaut de « filtre » : toutes les stimulations venant de l’environnement arrivent à l’encéphale sans tri préalable.
Il ne peut pas y avoir de pondération de ces stimuli. Trier ce qui est utile, pertinent pour la tâche en cours fait partie intégrante de ce qu’on appelle une tâche d’apprentissage. L’enfant en défaut de ce filtre, zappe, ne se pose pas pour avancer et réussir sa tâche.
Les signes cliniques qui accompagnent les syndromes des exécutifs sont assez stéréotypés : toute tâche nécessite de démarrer, poursuivre, s’arrêter. Il est constamment nécessaire de modifier -si besoin- la tâche en cours.
Lors de chaque étape dans une tâche cognitive, on constate des dysfonctionnements ou troubles dans les fonctions exécutives, comme par exemple :
Ce trouble des fonctions exécutives est lié au trouble TDA/H mais pas que… En effet, les signes cliniques que nous décrivons ici se retrouvent aussi lorsqu’un enfant est en difficulté parce qu’il est anxieux, déficient intellectuel.
Ces enfants-là peuvent avoir des troubles similaires au TDA/H, sans être TDA/H ; ils présentent des signes cliniques qui perdurent mais qui existent dans d’autres domaines, et qui peuvent être reliés à d’autres troubles dys. D’où la nécessité d’équipes pluridisciplinaires ou de bilans complets pour ne pas enfermer l’enfant dans un seul diagnostic de TDA/H.
Ces syndromes exécutifs sont très gênants pour l’enfant. C’est le logiciel de gestion de nos fonctions cognitives. Ces enfants en dysfonctionnement exécutifs ne sont plus capables de gérer le fonctionnement intellectuel en raison d’un trouble du système de contrôle et de gestion de leurs fonctions cognitives. Ils présentent des problèmes de planification et de stratégie.
En remédiation, il faudra travailler sur la trame raisonnementale, étape par étape, par des aide-mémoire, des systèmes de renforcement des consignes verbales par schéma simples et explicatifs par exemple.
Les adultes vont être sollicités sur ce versant de signes cliniques qui s’apparentent à des troubles du comportement. Par exemple, l’enfant qui est impulsif ; il n’en a pas conscience, il est victime de ses symptômes, et il va mieux si les adultes l’aident à maîtriser et montrent leur satisfaction.
Les fonctions exécutives consistent à inhiber les réponses automatiques, les stratégies élaborées. Il faut bien anticiper tout changement et être extrêmement présent (d’où l’importance des AVS aux côtés de l’élève porteur de ces troubles). Il faut arriver à ramener à sa tâche cet enfant qui se trouve en situation d’isolement sensoriel.
En amont, il est important de prendre conscience que tout être humain développe, à grande vitesse, entre l’âge de 3 et de 5 ans, ses fonctions exécutivespar sa propre activité. Avant même d’enseigner à l’enfant les lettres, les nombres ou autre chose, il faut l’aider à développer tous les gestes de la vie quotidienne, même si cela prend du temps (faire ses lacets, exécuter des tâches simples de bricolage, découpage, enfilage de perles, mettre une veste à boutons ou fermeture éclair, faire la cuisine, arroser les fleurs, etc.).
Ce sont ces apprentissages fondamentaux qui vont lui permettre de fonctionner et de réaliser n’importe quelle tâche avec succès. L’enfant de trois ans est un être d’action qui doit faire par lui-même pour entraîner ses fonctions exécutives. Elles sont biologiquement fondamentales car elles nous permettent de fonctionner, et de pouvoir réaliser dans le monde ce que notre intelligence commande.
Adèle Diamond, spécialiste internationale des fonctions exécutives nous dit « Si vous souhaitez que votre enfant réussisse à l’école et dans la vie, aidez-le à développer de bonnes fonctions exécutives. Ces compétences sont vraiment importantes et souvent plus prédictives que le QI ».